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bourg par son fils, et le dommage que j’ai éprouvé en manquant la vente de mes chevaux doit être raisonnablement estimé par la cour.

— Insensé ! homme coupable et incompréhensible ! Après que ton épée t’a vengé de la manière la plus sanglante que l’on puisse imaginer, comment oses-tu exiger la réparation d’un tort si minime ?

— Seigneur, répliqua doucement Kohlhaas, tandis qu’une larme roulait sur sa joue, il m’en a coûté ma femme ; je veux montrer au monde que ma chère Lisbeth ne se mêla point d’une chose injuste. Permettez que j’agisse selon mon désir en ceci ; en toute autre chose je me conformerai à votre volonté.

— Considère, Kohlhaas, combien il eût mieux valu t’adresser au prince avant d’agir comme un furieux ; il