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humblement du prince, ta supplique à la main, qui te dit qu’il te repousserait sans vouloir t’entendre ?

— Eh bien, ma chère femme, si ma crainte est sans fondement, je suis encore à temps de reprendre ma maison. Le prince est juste, je le sais, et si j’ai le bonheur de parvenir jusqu’à lui, je ne doute pas d’obtenir satisfaction et de revenir dans peu de jours auprès de toi pour ne plus te quitter. Mais il est toujours prudent de se préparer au pire. Je désire donc que tu t’éloignes pour quelque temps, si cela se peut, et que tu te rendes avec nos enfans chez ta cousine à Schwérin.

— Quoi ! s’écria Lisbeth, je dois aller à Schwérin sur la frontière avec mes enfans ! » Et le saisissement l’empêcha d’en dire davantage.

« Sans doute, reprit Kohlhaas, et dès