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le chien d’or

vous le répète, je suis contente d’être femme, parce qu’il est toujours aisé de se faire belle et d’être méchante. C’est ce que je dis aux jeunes filles qui viennent me consulter, et elles me donnent double salaire pour cela.

— Eh bien ! pas moi ! Les femmes, mère Malheur, elles nous méprisent, nous appellent des vauriennes, des sorcières, et elles font pis que nous : elles mentent, frappent, tuent pour l’amour d’un homme qu’elles trahiront demain. Salomon, le plus sage des hommes, n’a trouvé dans son temps, qu’une femme vertueuse sur mille, aujourd’hui, il n’en trouverait pas une dans tout le monde.

Apportez-moi un verre de vin, mère Malheur, je suis fatiguée de voyager dans l’obscurité d’ici à la maison de cette joyeuse dame dont il est question.

IV.

Mère Malheur avait une cruche d’excellent vin qu’un matelot lui avait apportée après l’avoir volée à bord de son vaisseau ; elle en remplit deux grands gobelets :

— Vous ne m’avez toujours pas dit le nom de cette dame.

— Non, et je ne vous le dirai pas encore. Seulement, sachez qu’elle est capable de nous en remontrer à toutes deux. Mais j’ai fini d’aller chez elle.

La Corriveau ne se rendit plus en effet chez mademoiselle Des Meloises. Mais, elle fut tenue au courant des agissements de l’Intendant. Il était allé aux Trois-Rivières, pour affaires urgentes, et pouvait y demeurer une semaine.

Angélique avait questionné Varin, pour savoir ce qui s’était passé au conseil. Varin lui fit un compte-rendu fantaisiste et raconta tout autre chose que la vérité. S’il eut dit que le gouverneur avait ordre de chercher mademoiselle de St. Castin, et qu’il fallait à tout prix la trouver, elle se serait empressée de le voir pour le conseiller de faire visiter Beaumanoir.