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CHAPITRE XLII.

mère malheur.

I.

La Corriveau avait hâte de commencer son œuvre maudite. Elle se cachait toujours chez son ancienne amie, la mère Malheur, un bouge où elle s’était réfugiée, on s’en souvient, après sa première entrevue avec Angélique Des Meloises.

Ce bouge malpropre semblait faire partie du rocher auquel il s’adossait. C’était une petite construction en pierre brute, surmontée d’un toit aigu, avec des auvents qui descendaient bas comme pour la cacher.

Le seul être vivant qui l’habitait d’ordinaire était la mère Malheur, une vieille méchante, une vieille sans cœur, qui vendait du bon vent aux matelots et de la chance aux chasseurs. On la soupçonnait encore d’exercer d’autres industries non moins condamnables.

À force de pratiquer les superstitions, elle en était venue à croire un peu à ses propres impostures. Elle admirait la Corriveau, et la Corriveau, pour la récompenser de son amitié, lui avait révélé quelques-uns de ses diaboliques secrets, les moins importants, comme de raison.

Mère Malheur la recevait toujours avec un plaisir sincère, la fêtait, la choyait, la servait de son mieux ; jamais cependant elle ne se montrait trop curieuse. Elle ne l’interrogeait pas sur les motifs qui l’ame-