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le chien d’or

Lantagnac et Le Mercier le secondaient de leur mieux. Le Gardeur était trop bien élevé et trop délicat pour répéter des obscénités même quand il était ivre.

IX.

Après quelques heures de cette joyeuse course, ils longeaient la falaise où s’est perchée la capitale. Ils décrivirent une courbe, passèrent devant la rue du Sault-au-Matelot, où les bateliers s’étaient réunis pour s’amuser en attendant la besogne. Ces bateliers leur lancèrent une volée de plaisanteries. Mais ils se turent aussitôt que le canot fut près du bord, car ils reconnurent les amis de l’Intendant. C’était la peur. Ils savaient que les gens de la Friponne ne badinaient pas souvent et se montraient rancuniers. Au reste, l’Intendant venait de faire punir sévèrement tous ceux qu’il avait pu convaincre de participation à la dernière émeute, et il fallait se montrer prudent.

Le canot s’arrêta au quai de la Friponne. De Péan et ses compagnons débarquèrent tranquillement. Personne n’osait même les regarder. L’Intendant les attendait. Ils se rendirent au palais où des chambres avaient été préparées pour Le Gardeur.

Le Gardeur de Repentigny était en la puissance de Bigot.

— Je vous félicite, dit Bigot à de Péan ? votre mission a été couronnée du plus beau succès. Nous le tiendrons bien, maintenant… Il faut le tenir sans cesse sous l’influence des liqueurs, jusqu’à ce que nous en ayons fini.

— Je comprends ! répondit de Péan, Eméric et Le Mercier le feront boire ; Cadet, Varin et les autres le feront jouer… Il faut le plumer parfaitement avant qu’il se décide à accomplir vos desseins.

— À votre gré, de Péan : Mais veillez sur lui ; qu’il ne laisse point le palais. Ses amis vont le chercher. Ce maudit Philibert viendra. Je ne veux pas qu’il le voie. Vous en répondez sur votre tête ! Vous