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CHAPITRE XLI.

une mauvaise nuit.

I.

Les habitués de l’auberge de Tilly s’étaient mis à causer des affaires de la colonie, et surtout de la dernière razzia des commissaires royaux. Maître Pothier, la tête en arrière, sur le dossier de sa chaise, l’air songeur, écoutait en faisant tourner ses pouces l’un contre l’autre. Tout à coup, il se pencha vers Jean La Marche.

— As-tu dit, Jean La Marche, lui demanda-t-il, que Le Gardeur de Repentigny jouait aux dés et buvait du vin chaud avec le chevalier de Péan et deux bouledogues de la Friponne ?

— Oui, je l’ai dit, répondit Jean qui paraissait attristé. Il a rompu sa chaîne, notre jeune seigneur, et je crois qu’il ne se laissera pas reprendre sitôt.

— Comment ! riposta maître Pothier, le meilleur acte que je pourrais faire, ne le tiendrait pas mieux qu’un fil d’araignée. Ces de Repentigny, ils sont obstinés comme des taureaux, et ne supportent aucun joug. Pauvre garçon ! Sait-on, au manoir, qu’il est ici à boire et à jouer ?

— Non ! Vous comprenez que toute la pluie du ciel n’aurait pu empêcher mademoiselle Amélie et madame de le relancer jusqu’ici. Pierre Philibert, son ami, un grand officier du roi, maintenant, est allé à Batiscan, pour des affaires qui regardent l’armée, m’a dit le groom ; sans cela, Le Gardeur ne