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le chien d’or

cela. Étudie, mon jeune homme, et respecte la loi ! Ce droit est transmissible, c’est prouvé par les arrêts de la Cour de Bourges. Respecte la loi.

XIV.

— Je la respecte, la loi, et je veux qu’elle me protège à mon tour, reprit Jean La Marche. Vous savez, continua-t-il, que l’hiver dernier, ma pauvre Fifine a pris un gros rhume et est morte. Eh bien ! elle a laissé une sœur que je voudrais épouser. Elle est bien prête à dire : oui, la sœur ; le curé dit : non, et les femmes disent : oh ! oh ! Je serais curieux de savoir maintenant ce que dit la loi. Peut-on se marier avec la sœur de sa femme ?

Les habitants s’approchèrent pour écouter. Tout le monde de la paroisse connaissait les intentions de Jean La Marche. Les hommes le raillaient, les femmes le plaignaient. Maître Pothier dressa l’oreille comme un cheval au son de la trompette, et s’écria :

— As-tu envie d’être pendu, Jean La Marche ?

— Moi, pendu pour cela ?

— Oui, pendu, jusqu’à ce que mort s’en suive !…

— Est-ce vrai, comme l’affirme le bedeau, reprit Jean La Marche, qu’un homme est bigame quand il a deux femmes…

— Comment ! une telle ignorance des lois divines et humaines…

— Attendez que j’achève, toujours, répliqua Jean. Quand il a deux femmes dans le cimetière ?

— La bigamie mérite la corde ; votre cas est sérieux, et rien que la pensée de cette infamie, c’est un crime cousin germain de la potence, affirma le vieux notaire avec une emphase risible.

— Je ne crois pas cela, maître Pothier ; où sont vos autorités ?

— Mes autorités ? Écoute, Jean La Marche.

Et il défila avec aplomb et d’une voix chantante :

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