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le chien d’or

— Pierre, dit le gouverneur, j’espère bien que ce n’est pas un mauvais vent qui vous ramène à la ville d’une manière aussi inattendue. Vous êtes le bienvenu, toutefois, et le vent qui nous ramène nos amis est toujours un bon vent.

— C’est un vent maudit qui me ramène, Excellence ! répondit-il en prenant son siège.

— Comment ? qu’y a-t-il ? Madame de Tilly et sa charmante nièce se portent-elles bien ?

— Très bien, mais elles ont de la peine. Le diable a de nouveau mis la main sur Le Gardeur. Le malheureux jeune homme a succombé à la tentation. Il est revenu en ville, et personne ne peut lui faire entendre raison. Un déchaîné !

— Comme sa sœur doit souffrir ! soupira le gouverneur. Elle donnerait sa vie pour le sauver !… Je la plains ! je vous plains aussi, Pierre !

En disant ceci, il serra loyalement la main du jeune Colonel.

Je n’éprouve pas moins de pitié, ajouta-t-il, pour l’infortuné jeune homme qui nous cause à tous tant de chagrin.

— Oui, Excellence, Le Gardeur est plus digne de pitié que de blâme. Il a été tenté au-dessus de ses forces.

XXI.

De la Corne St. Luc s’était levé ; il arpentait la pièce et paraissait fort surexcité.

— Pierre Philibert, fit-il, où est-il le pauvre garçon ? Il faut le chercher, le trouver ! Quel démon s’est emparé de lui ? Le démon du vin, qui mord comme un serpent et rend fou ? le démon du jeu, qui fait tinter les dés et l’or comme une musique maudite aux oreilles des faibles ? ou le pire de tous, le démon qui n’est jamais vaincu, la femme ?

— Les trois ensemble, chevalier ! De Péan est venu à Tilly, et lui a remis un message de la part d’une femme. Vous savez qui. Il est devenu fou, complètement fou. Cent hommes, ne l’auraient pas tenu.