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le chien d’or

Herr Kalm représente ici la vieille université d’Upsal, buvons un verre à sa santé, buvons un skal suédois en son honneur !

Les coupes furent remplies et le skal fut bu avec enthousiasme.

Le comte se rejeta en arrière dans sa chaise et se prit à songer :

— Six lustres, trente ans, dit-il, ont passé sur nos têtes et blanchi nos cheveux, Kalm, depuis que nous avons terminé notre cours de botanique. Nous avions pour professeur un homme plus jeune que nous, un homme qui faisait la gloire et l’admiration de l’université, comme depuis, il a fait la gloire et l’admiration du monde. Linnée était encore élève de Olaf Celsius et de Gammal Rodbeck quand il ouvrait aux élèves et aux professeurs les trésors de la nature. Puisse-t-il longtemps porter la couronne que le monde lui a mise sur le front !

— S’il vous entendait, comte, répliqua Herr Kalm, il se sentirait tout honteux, car il est aussi humble qu’il est grand. Comme Newton, il dit qu’il n’a fait que ramasser quelques petits cailloux sur les rivages encore inexplorés du vaste océan de la vérité.

— Je le sais, mais nous ne devons pas faire taire la reconnaissance. Quel temps glorieux que ce temps-là ! et qu’il était doux d’avoir de tels hommes pour maîtres ! Gammal Rodbeck ne cessait de nous dire que nous avions l’honneur d’être traités de la même façon, absolument que son royal pupille, le brave Charles XII.

— Oui, repartit Kalm au souvenir que réveillait ce nom, cela faisait cesser nos murmures dans les jours de disette, quand la portion ne répondait pas à l’appétit. Nous trouvions le gruau meilleur, quand nous songions que c’était cet humble mets qui avait formé les os et les muscles du vainqueur de la Nerva.

XV.

Le gouverneur se laissa emporter par le flot des réminiscences.