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le chien d’or

livide entre ses lèvres minces et cruelles. Elle continua :

— Elle a une rivale et elle veut que je l’en débarrasse charitablement, en lui servant de la manne de l’aïeul Nicolas. Angélique Des Meloises est audacieuse, fausse et rusée comme vingt femmes, et elle est discrète comme une nonne. Elle est riche, ambitieuse et elle empoisonnerait volontiers la moitié du genre humain pour arriver à ses fins. Elle est une femme selon mon cœur et mérite que je m’expose avec elle… Si elle réussit dans son projet, elle aura des richesses immenses… et moi, en possession de son secret, je la tiendrai bien ! moi je serai sa maîtresse et la maîtresse de toute sa fortune ! de tout son or ! de tout son or ! Et puis…

Elle revit d’un coup d’œil la destinée fatale de ses aïeux…

Et puis, ajouta-t-elle, j’aurai peut-être besoin, un jour de la protection de l’Intendant… qui sait ?

Un frisson étrange lui passa dans les veines, mais elle se remit aussitôt.

— Je sais ce qu’elle veut, reprit-elle, je vais en emporter ! Elle connaîtra le secret de Béatrice Spara ; ce sera ma sauvegarde ! Elle est digne de le savoir, tout aussi digne que la Brinvilliers !

II.

La Corriveau entra dans sa chambre, ferma la porte sur elle, tira de son sein un paquet de clefs et se dirigea vers un meuble de forme singulière rangé dans un coin. Ce meuble était d’un bois noir importé d’orient. Un vieil ouvrier italien fort habile, y avait sculpté des figures étranges, d’après des dessins Étrusques et l’avait muni de tiroirs secrets et de cachettes invisibles.

Il avait appartenu à Antonio Exili, qui le fit confectionner, pour y serrer, disait-il, ses formules cabalistiques et ses préparations alchimiques, quand il cherchait la pierre philosophale et l’élixir de vie ; mais en réalité, pour y cacher les drogues d’où ses