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le chien d’or

neur, une lettre du Sieur de La Vérendrye, qui m’informe que là-bas, sur les bords sauvages et âpres du lac Supérieur, il a trouvé des traces d’exploitation des mines de cuivre, de plomb et d’argent. Or, aucune des tribus qui hantent ces rivages ne se souvient d’avoir entendu parler de tels travaux.

— Il est possible que ces territoires aient formé un immense empire autrefois, repartit Kalm. Les Américains ont, comme les Chinois, une foule de dialectes, mais une écriture unique en hiéroglyphes, et ils se comprennent tous ainsi. Tous les indiens, comte, depuis la mer du Nord jusqu’au golfe du Mexique, sont capables de dire ce que signifient les signes dépeints sur les bandes d’écorce qui sont là devant vous.

XI.

Les savants discoureurs laissèrent un moment reposer leurs graves sujets de conversation, remplirent leurs coupes d’un vin délicieux, puis, après avoir bu, dégustèrent un nouveau tabac, et la fumée se reprit à monter en vagues bleuâtres dans la pièce qui s’obscurcissait comme le ciel à l’approche d’un orage.

Rigaud de Vaudreuil n’avait point pris part à la discussion. Il était patriote et soldat, brave et honnête, mais il n’entendait rien en antiquités et détestait souverainement ces choses surannées.

Il aurait aimé, par exemple, à savoir l’opinion du philosophe sur la guerre et les signes du temps.

— Vous avez un passe-port, Herr Kalm, commença-t-il, pour voyager en Angleterre et dans les colonies anglaises ; je ne veux pas vous demander quels préparatifs militaires vous avez vus sur votre passage, ce serait manquer aux lois de l’honneur et de l’hospitalité ; mais je puis bien vous demander ce que vous pensez de la politique anglaise à l’égard de l’Amérique.

— Certainement, Chevalier ! et voici ma réponse : L’Angleterre veut conquérir la Nouvelle France, ni