Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.
53
le chien d’or

époques. L’homme ne sait pas quand a commencé à fleurir cette branche ; mais il sait, d’après le livre de la Genèse, l’ordre de la création, et elle a paru le troisième jour. Alors, cette partie de l’Amérique était desséchée, tandis que l’océan passait sur la face de l’Europe et de l’Asie.

— Alors pour vous le Nouveau-Monde, c’est le vieux, le premier né de toutes les terres ? demanda Beauharnois.

La fumée sortait en orbes légers de la pipe du philosophe et s’étendait en nuages d’argent sous le plafond de la salle.

VII.

Incontestablement, chevalier, répondit-il, en lançant une odorante bouffée de fumée. J’ai comparé les rocs, les plantes et les arbres de l’Amérique du Nord, les uns avec les autres ; j’ai étudié les poissons, les oiseaux, les quadrupèdes et les hommes, et j’ai reconnu que tout portait un cachet d’antiquité auprès de laquelle l’antiquité de l’Europe ne semble remonter qu’à hier.

— Nos savants académiciens n’ont encore rien affirmé à ce sujet, Kalm, reprit le comte, et je n’ai pas la prétention de me croire plus sage qu’eux ; mais j’ai souvent entendu de La Corne, soutenir que la race indienne de l’Amérique en est arrivée, à force de vieillir, à une espèce de pétrification, et que les indiens eux-mêmes prétendent que leurs enfants ont autant d’instinct, de réflexions et d’habileté que les blancs devenus hommes.

— La race américaine est si vieille, interrompit de La Corne St. Luc, qu’il semble impossible qu’elle retrouve jamais sa jeunesse ; elle est tellement immobile dans son engourdissement moral, que rien ne pourra jamais la réveiller. Elle restera ce qu’elle est, jusqu’à ce qu’elle disparaisse de la terre.

— Et cependant, observa Kalm, ces indiens peuvent se vanter d’être les héritiers d’une civilisation perdue, qui remplit l’Amérique de ses œuvres merveil-