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le chien d’or

chaleur et la lumière du soleil, sous une forme tangible et concrète. Le dernier mot de la chimie est chaleur et lumière, rien que cela, mais derrière cela se cache la cause des causes, l’amour et la sagesse de Dieu. Brûlez ce charbon, vous rendez la liberté aux rayons si longtemps emprisonnés du vieux soleil ; et ils vous donnent, ces rayons, la chaleur et la lumière des temps primitifs.

Cette fougère, continua le philosophe, en tirant une petite branche d’un vase de Sèvres, cette fougère est l’expression d’une idée divine. Ses pores si petits contiennent d’innombrables principes de vie. Qu’est-ce que le principe de la vie ? Dieu ! Dieu qui est partout et dispose tout avec une sagesse infinie. La conservation des êtres créés est une continuelle création. Chaque instant de leur vie renferme un miracle égal au miracle de la création première par la divine parole. La puissance du Verbe qui a fait sortir le monde du néant peut seule l’empêcher d’y retomber.

VI.

— J’aime votre philosophie, Kalm, répliqua le comte. Je m’imagine facilement que le monde est très vieux et qu’il a vu bien des retours de sa jeunesse et de sa vieillesse.

— Et il en verra bien d’autres encore. La forme de la matière est destructible, mais pas son essence. Pourquoi ? Parce qu’elle est une conception du verbe éternel par qui toute chose a été faite. La terre est le piédestal de Dieu, dans un sens plus élevé que la science n’est capable de le définir.

— Cette fougère a eu un commencement, remarqua Beauharnois, qui s’intéressait vivement à ces sortes de questions, mais il fut un temps où elle n’existait pas. Comment pouvez-vous savoir, Kalm, le moment où elle a commencé à exister ?

— La terre elle-même a écrit son histoire en hiéroglyphes, dans son livre de pierres, avant que l’homme ne parût, pour compter le temps et les