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le chien d’or

aujourd’hui de cette question ? Ses philosophes ont ils renouvelé le débat qui nous avait tant passionnés ?

— Souvent, comte, et la cause a fait des progrès, répondit le Suédois d’un air confiant. Une lumière nouvelle brille maintenant, qui promet d’éclairer toute la philosophie.

— En effet, répliqua le gouverneur, que ces sujets relevés intéressaient vivement, j’ai vu quelque part ce que vous m’affirmez-là. Et quel est l’enseignement de la nouvelle philosophie ?

— Ce n’est pas tant une philosophie nouvelle qu’une philosophie mieux éclairée, riposta Kalm. Si nous remontons au commencement, nous reconnaissons que le monde est ancien comme le temps, et qu’avant la création, le temps n’existait pas ; il n’y avait que l’éternité.

— Pensée profonde et qui doit être vraie, observa le gouverneur.

— Je la crois vraie. La science plonge dans le passé et surprend les révolutions des âges de ténèbres, comme elle pénètre les mystères de l’avenir. Le mouvement infiniment rapide de la lumière céleste a son contrepoids dans la lenteur infinie des changements qui s’opèrent sur notre planète.

— Vous croyez encore, Kalm, que le monde est extrêmement vieux. C’était votre thèse favorite à Upsal, je m’en souviens.

— Alors comme aujourd’hui, comte. Écoutez bien.

V.

Il alla prendre, dans un petit cabinet de minéralogie, un morceau de charbon que des voyageurs avaient apporté des Monts Alleghanys.

— Il y a des millions de siècles, commença-t-il, dans les profondeurs du temps, la terre était couverte d’une végétation prodigieuse et le soleil l’inondait d’une lumière intense comme celle de l’équateur aujourd’hui… Les végétaux se condensèrent, et produisirent ce morceau de charbon qui n’est en fin de compte, comme le prouve l’analyse, que la