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le chien d’or

— Je le déclare sur ma parole de gentilhomme ! répéta l’Intendant, rouge de honte ou de colère. Plus que cela, ajouta-t-il, je répondrai moi-même à la dépêche de la comtesse, bien que vous n’ayez pas le droit de me demander de le faire, comte. Et vous ne me le demandez pas, non plus, je le sais !

Puis, se tournant vers de la Corne St. Luc, il continua :

— Chevalier de la Corne St. Luc, je ne sais pas plus que vous, moins que vous, peut-être, où s’est enfuie la fille du baron de Saint Castin, et je déclare que je suis prêt à croiser le fer avec le premier gentilhomme qui osera douter un instant de la parole de François Bigot.

X.

Varin et Penisault se regardèrent d’une façon qui indiquait le doute et la surprise. Ils savaient bien qu’une dame étrangère, dont on ne disait pas le nom, vivait mystérieusement renfermée dans les chambres secrètes de Beaumanoir ; Bigot l’avait déclaré à ses intimes. Mais quels que fussent leurs soupçons, ils se donnèrent garde de les laisser deviner. Au contraire, Varin, qui était toujours prêt à mentir, affirma avec serment que l’Intendant disait vrai.

De la Corne St. Luc avait l’air d’un lion qu’on veut enchaîner. Rigaud de Vaudreuil, en vieux familier, lui ferma la bouche avec sa main. Il craignait la violence de la réplique et ce qui s’en suivrait nécessairement. Il se pencha à son oreille :

— Comptez jusqu’à cent avant de répondre, de La Corne ! murmura-t-il. L’Intendant a le droit d’être cru sur parole comme les autres gentilshommes. On se bat pour un fait, non pour une supposition. Soyez prudent. Nous ne savons pas, après tout, s’il a juré faux.

— Mais je le crois, moi ! riposta de la Corne. Le vieux militaire rageait, mais enfin, ses soupçons n’étaient pas des faits, et il comprit qu’il ne pouvait appuyer ses accusations sur des preuves