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le chien d’or

VI.

Au moment où le gouverneur allait ajourner la séance, il reçut un paquet scellé du sceau royal. Il le fit ouvrir par le secrétaire. Dans ce paquet se trouvaient des papiers également scellés et marqués « personnel ». Le secrétaire le lui remit et il en prit connaissance immédiatement. Il paraissait lire avec intérêt, et l’impression qu’il ressentait se trahissait sur sa figure.

Il les mit sur la table, les reprit, les lut de nouveau et les passa à l’Intendant.

L’Intendant eut vite fait de les parcourir des yeux. Il fit un bond de surprise et un froncement de sourcils. Mais il réprima vite ce mouvement, et se mordit les lèvres, avec une colère mal dissimulée.

Il renvoya les papiers au comte, de l’air indifférent d’un homme qui n’a rien à y voir.

— Les ordres de la marquise de Pompadour seront exécutés fidèlement, dit-il. Je vais la faire chercher cette demoiselle, je vais la faire chercher sans retard. Je la crois quelque part dans un fort ou dans un camp, faisant joyeuse vie.

Bigot comprenait le danger. Les dépêches étaient sérieuses et le gouverneur ne manquerait pas de déployer la plus grande diligence dans l’accomplissement du devoir nouveau qui lui incombait.

Pendant un instant, il fut comme ahuri. Puis s’apercevant que les yeux se braquaient sur lui, il se mit à parler encore. Il parla avec une hardiesse qui ressemblait à un défi :

VII.

Je prie Votre Excellence, commença-t-il, en s’adressant au gouverneur, de vouloir bien expliquer aux Conseillers la nature de cette dépêche. Elle ne surprendra nullement ceux qui connaissent l’étourderie des femmes, et gagnera au noble baron de St. Martin la sympathie de tous.

— Elle fera naître de la sympathie pour sa fille,