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le chien d’or

l’antre d’Éole, sortaient les orages et les tempêtes qui ébranlaient le continent.

II.

À côté du gouverneur était assis monseigneur l’évêque de Pontbriand, puis un secrétaire. Devant lui se trouvaient l’Intendant, Varin, Pénisault et d’Estèbe. À l’un des bouts de la table, de la Corne St. Luc, Rigaud de Vaudreuil, Claude de Beauharnois et l’abbé Picquet examinaient, avec une attention extrême et un profond intérêt, des dépêches indiennes gravées sur des écorces.

Deux hommes de loi en robe bordée d’hermine et en rabats, des livres sous le bras, un rouleau de papier à la main, attendaient, à l’extrémité de la pièce. Ils étaient venus plaider les questions de droit de la concession et de la juridiction de certains fiefs.

Bien que l’Intendant fût brouillé avec plusieurs des gentilshommes qui se trouvaient là, il n’en laissait rien paraître. Il ne fallait pas que les affaires publiques souffrissent de ses rancunes personnelles.

Il était gai, charmant, loin, bien loin de soupçonner la trahison qui se préparait, la vengeance épouvantable d’une femme qu’il admirait contre une femme qu’il aimait. Quelquefois il exprimait son opinion avec un peu de hauteur, mais toujours avec courtoisie.

Il ne baissait ni les yeux ni la voix devant un adversaire, mais il riait et plaisantait avec tout le monde également ; il s’observait beaucoup toutefois quand il fallait, en bon politique, adresser quelque flatterie à ses patrons ou à ses protectrices de Versailles.

Au fond de la bibliothèque, on apercevait, par une porte entr’ouverte, la noble et blonde tête de Herr Kalm.

Cet enthousiaste chercheur s’était assis à une petite table, derrière une muraille de livres qui s’élevait toujours.