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le chien d’or

pourpre et de soie, pendant que les grandes dames se dépouillaient pour la patrie ! Elle s’asseyait à une table somptueuse quand le peuple mourait de faim dans les rues de la ville ! Elle achetait des terres et des maisons avec l’argent de l’État, pendant que les braves soldats de Montcalm versaient leur sang après avoir perdu leur salaire ! Elle donnait des banquets à l’heure où les boulets anglais enfonçaient les portes de la capitale ! Elle prévit la fin de Bigot et sut hériter de ses richesses !

XIV.

Le sort de Bigot est un avertissement pour les spéculateurs malhonnêtes et les oppresseurs.

Peu de temps après la perte de la colonie, il repassa en France avec Varin, Cadet, Pénisault et d’autres actionnaires de la grande Compagnie. La Bastille s’ouvrit pour les recevoir, car ils étaient devenus des instruments inutiles.

Ils furent jugés par une commission spéciale, trouvés coupables de malversations, d’infidélités, de pillage, et condamnés à faire restitution, à demeurer en prison en attendant cette restitution, et à être ensuite à jamais bannis du royaume.

L’histoire ne nous a pas encore appris d’une manière certaine quelles ont été les dernières années de Bigot. Il est étonnant qu’un homme dont le rôle politique en Canada fut si important, soit mort sans éveiller un souvenir. Pas un mot pour raconter sa fin !

On suppose que la Pompadour aura, par son influence, fait adoucir ou commuer sa peine, et que sous un nom d’emprunt, et avec les débris de ses vols, il aura vécu dans l’aisance, ou le luxe peut-être, à Bordeaux où il est mort.

XV.

Angélique ne le regretta point. Elle se disait cependant que les destinées de la Nouvelle-France auraient été tout autres, si cet homme avait voulu