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le chien d’or

tier éleva sa voix puissante pour maudire la révolution des états voisins et pousser le peuple canadien à se défendre contre l’invasion.

Jumonville de Villiers était enfin vengé.

XI.

Mais le loyal Canadien n’avait pas vidé le calice des amertumes et son dévouement inaltérable devait rester sans récompense. Aux pillards éhontés de l’ancien régime, succédèrent les orgueilleux tyranneaux de la race conquérante, et la province fut traitée en pays conquis.

D’un côté, l’autorité armée de verges ; de l’autre, une population soumise presque jusqu’au servilisme.

La lutte fut longue. La colonie eut des héros ; les héros de la paix et des combats constitutionnels. Elle eut aussi le sang des martyrs. Or, le sang des martyrs, fait germer la liberté.

XII.

Sir Guy Carleton tenait à la main un journal qu’il venait de recevoir d’Angleterre. Il le présenta à de La Corne :

— Lisez ceci, dit-il ; c’est, si je ne me trompe, la mort d’un de vos anciens amis, que j’ai une fois rencontré dans les Indes. C’était un caractère sombre, taciturne, mais un brave et habile commandant.

La Corne prit le journal et lut avec une vive émotion :

— « Indes Orientales. Mort du marquis de Repentigny. Le marquis Le Gardeur de Repentigny, général d’armée et gouverneur de Mahé, est mort l’an dernier, dans cette partie des Indes qu’il avait par sa bravoure et son habileté, conservée à la France.

Le marquis servit au Canada où il a laissé aussi la réputation d’un brave et vaillant soldat. »

De La Corne sentit les larmes rouler sous ses vieilles paupières grises. Il passa le journal à De Beaujeu.

— Le Gardeur est mort ! dit-il, ce pauvre Le Gar-