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le chien d’or

terre, et se nommait Sir Guy Carleton. Sur les murs de la vaste chambre, les armes de l’Angleterre remplaçaient les emblèmes de la France. Des officiers en habits rouges se promenaient sur le parquet sonore, fidèles et loyaux envers le souverain nouveau, comme ils l’avaient été envers la mère-patrie. C’étaient le vieux de la Corne St. Luc, de Salaberry, de Beaujeu, Duchesnay, de Gaspé, et plusieurs autres vaillantes épées. Ils se préparaient à défendre le Canada contre l’invasion Américaine.

Le peuple de la Nouvelle-France savait qu’il avait été pillé, volé, ruiné par l’Intendant Bigot, puis lâchement abandonné par son roi ; alors il s’était tourné avec espoir vers le vainqueur et l’avait accepté franchement, comme l’arbitre de ses destinées nouvelles.

Néanmoins, les liens du cœur ne se rompirent jamais et longtemps, longtemps ! les colons délaissés tournèrent vers la France lointaine des regards mouillés de larmes. Longtemps, ils l’appelèrent secrètement, ardemment ; mais en vain, elle ne revint plus !…

X.

Quand les colonies anglaises se révoltèrent et que la France vola à leur aide, le peuple canadien se sentit humilié…

Comment ! cette France si cruellement sourde à leurs supplications, cette France si vilement indifférente à leurs souffrances et à leur héroïsme, accourait à la voix des étrangers !… Ah ! l’honneur se révoltait, l’âme s’indignait et le soldat canadien ne pouvait pas marcher sous les mêmes drapeaux que ceux qui avaient été ses ennemis constants ou ses maîtres oublieux !

Il repoussa fièrement les offres séduisantes de La Fayette, fièrement les superbes avances de D’Estaing.

L’Évêque Briand prêcha la soumission et la fidélité au régime nouveau, le clergé presque en en-