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le chien d’or

dans sa conduite, pénitent et mortifié autant que vaillant et brave, il suivit, dans le nouveau monde, les étendards de Montcalm. Il se battit à Chouaguen, il prit part à la défense des forts de Montmorency et fut un des héros de la bataille des plaines de Ste. Foye.

VII.

Il ne voulut jamais parler à Angélique Des Meloises. Un jour, il la rencontra sur le perron de la cathédrale. Elle tressaillit comme au contact du feu, trembla légèrement, rougit beaucoup, hésita une minute, puis lui tendit la main avec un sourire séducteur et en s’enveloppant du plus ardent regard.

Le Gardeur était de pierre, maintenant. S’il aimait encore une femme, c’était peut-être la modeste religieuse des Ursulines, qui s’appelait autrefois Héloïse de Lotbinière.

À la vue d’Angélique, sa vieille colère se réveilla, il oublia qu’il était gentilhomme, d’un coup violent il repoussa la main qui s’offrait à lui, et s’éloigna.

VIII.

Après la conquête de la colonie, il repassa en France avec les restes de l’armée. Le roi le combla d’honneur, mais cela le laissait indifférent, car il n’avait plus personne avec qui les partager. Tous ceux qu’il avait aimés étaient disparus !

Il ne se maria jamais. Il finit sa carrière remarquable pendant qu’il occupait la haute position de gouverneur de Mahé, dans l’Inde.

IX.

Un jour de l’an de grâce 1777, un autre conseil de guerre siégeait aussi dans la grande salle du château St. Louis. C’était un conseil bien différent de celui que nous avons vu déjà. Le temps et les circonstances avaient bien changé.

Les conseillers étaient des Anglais et des Canadiens ; le gouverneur, leur président, venait d’Angle-