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le chien d’or

et de la ruine du parti des honnêtes gens. La Grande Compagnie triomphait. Elle tenait toute la colonie dans ses serres impitoyables.

IV.

Le vertueux de La Galissonnière fut rappelé et il eut pour successeur le faible de La Jonquière et de Vaudreuil. Bigot put sans gêne et sans crainte se livrer aux plus sales spéculations. La vénalité honteuse entra même dans le château St. Louis avec de Vaudreuil, qui devint, affirment plusieurs, le compère de l’Intendant.

V.

Après avoir parcouru l’Amérique du Nord en vainqueur illustre, Montcalm vint tomber, inutile victime, sur le rocher de Québec.

Pendant que Bigot regorgeait de richesses et festoyait scandaleusement, les soldats mouraient de faim, et les magasins militaires restaient sans munitions.

L’héroïsme de l’armée ne pouvait aller au-delà de la mort.

La patrie était épuisée. Bigot et toute sa bande infâme déchiquetaient son cadavre de leurs mains crochues et de leurs griffes maudites.

Ce ne sont pas les armées anglaises qui ont pris Québec et forcé Montréal à capituler, c’est la rapacité, c’est le brigandage de Bigot ! C’est la coupable indifférence de la luxurieuse Cour de Versailles !

VI.

Après un long emprisonnement à la Bastille, Le Gardeur fut libéré. Il n’eut pas de procès. Son épée lui fut rendue et il reprit son grade dans l’armée.

Les courtisans de Versailles n’étaient peut-être pas fâchés d’être débarrassés du bourgeois et des honnêtes gens.

Devenu un autre homme, un homme aussi sage qu’il avait été dissipé, aussi régulier qu’un religieux