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LE CHIEN D’OR

elle. Pourtant je vais lui sourire et peut-être qu’il se souviendra.

Son voile était rejeté en arrière, découvrant sa figure douce et pâle.

X.

Dès qu’il entendit le bruit des pas dans les couloirs, Pierre tressaillit, car il eut un pressentiment de son bonheur amer. Ses yeux se fixèrent ardents sur les barreaux épais. Il était tenté de les rompre.

Elle arriva.

Il poussa une clameur et ouvrit les bras comme pour l’enlacer dans une dernière étreinte. Il se heurta à l’implacable grille.

— Amélie ! ma bien-aimée Amélie ! criait-il, ah ! je vous vois donc une fois encore, mais comment ?…

— Vous ne maudissez pas ma famille… Vous avez donc pitié de moi, murmura la mourante.

— Pauvre ange ! pauvre ange ! moi, maudire votre famille ! moi, manquer de pitié ! ah ! vous ne me connaissez donc plus ?

Et de grosses larmes coulèrent de ses yeux.

Amélie se rejeta en arrière dans son fauteuil, et se couvrant le visage de ses mains, elle commença à sangloter.

Pierre, collé à la grille de l’étrange prison, la regardait par les trous étroits, et ses doigts crispés semblaient vouloir déchirer les barreaux.

— Amélie ! Amélie ! appelait-il… Ah ! si près de toi ! et ne pouvoir mettre sur ton front le baiser de l’époux !

XI.

Madame de Tilly pleurait en silence, appuyée sur le bras de sa chaise. Héloïse aussi pleurait.

Amélie se découvrit la figure tout à coup et tendit ses bras vers son fiancé.

— Pierre ! gémit-elle, je vais mourir… je me meurs !… Je suis heureuse de mourir… puisqu’il me faudrait vivre sans vous !… Oh ! je vous aime !…

Pierre sanglotait et les transes amères soulevaient ses épaules.