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LE CHIEN D’OR

Elle s’arrêta devant une cellule fermée.

Sur la porte de cette cellule se lisaient en lettres noires, ces paroles du Sauveur :

« Venez à moi, vous tous qui êtes accablés par la douleur, et je vous consolerai. »

Elle ouvrit.

— Entrez, dit-elle aux deux jeunes filles, c’est la cellule d’une fidèle servante de Marie, de votre bien aimée tante, mère Madeleine… Par une faveur spéciale, vous y passerez ensemble les premières heures de votre sainte captivité.

— Le souvenir de mon illustre parente habite toujours ici, répondit Amélie, et il m’apprendra la résignation.

III.

La cellule était presque nue. Dans un coin, un lit blanc mais dur comme la couche d’un anachorète ; adossée au mur, une petite table de bois simplement poli, avec quelques livres dessus ; puis une couple de chaises sans peinture. Tout au fond, suspendue à la cloison, était restée une figure de Notre-Dame des Sept Douleurs, brodée en soie. Une œuvre d’art !

Amélie et Héloïse vinrent s’agenouiller devant cette image. Puis après une prière fervente, elles se levèrent pour l’admirer à la lumière de la lampe.

— Tante Madeleine a brodé cet admirable sujet, dit Amélie, dans une heure de mortelle angoisse, alors que son fiancé Julien Lemoine venait de mourir sur le champ de bataille. Elle est avec lui maintenant. Elle est bien heureuse.

— Nous souffrons plus qu’elle n’a souffert, observa Héloïse. Les larmes peuvent suffire à pleurer ceux qui ne sont plus, mais elles ne suffisent pas à pleurer ceux que l’on a perdus sans espoir et qui vivent toujours !…

La lampe mettait comme une auréole de gloire au front de la Vierge des Douleurs. Les deux jeunes filles se jetèrent à genoux de nouveau et pleurèrent longtemps.