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CHAPITRE LIV.

OH ! QU’ILS SONT BEAUX DANS LA MORT SES RESTES BÉNIS !

I.

Depuis longtemps le chant des vêpres avait cessé. C’était le soir ; et l’angelus, s’échappant en accords mélodieux de tous les beffrois, venait d’inviter la terre à bénir la mort et la vie.

Les religieuses du monastère entraient dans leurs humbles cellules, et les enfants dont elles avaient la garde reposaient dans les dortoirs peuplés de songes gracieux.

Des bougies vacillantes plongeaient leurs timides rayons dans les ombres des grands corridors, où de temps en temps résonnaient les pas discrets des pieuses femmes qui sortaient de la chapelle.

Comme le flot sonore qui chante pendant que la lune paisible l’enveloppe de ses clartés, la mère Ste Madeleine de Borgia, à genoux au pied de la statue de St Joseph, avait entonné l’hymne solennelle.

Ave, Joseph, fili David juste !
Vir Mariæ de quâ natus est Jesus !

II.

Mère Esther, suivie des deux nouvelles postulantes, traversa un long couloir, passant devant les portes des alcôves où s’endormaient, en récitant le Mémorare, les fidèles épouses du Christ.