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LE CHIEN D’OR

— Le roi lui pardonnera peut-être, reprit celle-ci, en la soutenant dans ses bras…

— Le roi ?… ah ! que le Seigneur lui fasse miséricorde d’abord !… Et que les hommes lui pardonnent ou ne lui pardonnent pas, j’offre le reste de ma vie à Dieu, en expiation de ses fautes…

— Moi aussi, Amélie ! fit Héloïse. Nous avons franchi pour la dernière fois le seuil de cette maison : nous n’en sortirons plus !

XIII.

— Je viens aussi de voir Pierre Philibert, dit madame de Tilly, après un moment d’amer silence.

— Vous avez vu Pierre ? s’écria Amélie dans une étreinte nouvelle de la douleur.

— J’étais en prière auprès des restes de son père quand il est entré. Il n’était pas attendu si tôt… Chère Amélie, je n’ai rien vu jamais de navrant comme son muet désespoir !

— Et qu’a-t-il dit ? qu’a-t-il fait ? Ne nous a-t-il pas tous maudits, vous ! moi ! et surtout Le Gardeur ?… N’a-t-il pas appelé la vengeance du ciel sur la maison de Repentigny ?

— Dans l’effondrement de son bonheur, il n’a maudit personne ! Il n’a accusé personne du mal qu’on lui faisait. Il s’est bien douté que Le Gardeur était un aveugle instrument.

— Comme il est bon !…

— Il m’a demandé où tu étais ; qui tu avais pour te consoler ou pleurer avec toi…

— Il vous a demandé cela ?… ô le bon cœur !… le noble caractère !…

Et elle fondit en larmes.

— Et il ne provoquera point Le Gardeur, demanda Héloïse d’une voix tremblante ?

— Il est touché du désespoir de Le Gardeur et il sait d’où part le coup qui a tué son père.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! exclama Amélie, au milieu de ses pleurs, combien la perte que je fais est grande !… Pierre, mon noble Pierre, mon fiancé !