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LE CHIEN D’OR

Amélie éclata en sanglots, saisit la main de la vieille religieuse et la colla à ses lèvres.

X.

Au même instant, des voix tristes et mélodieuses flottèrent comme des ailes de chérubins, sous la voûte de la chapelle, et les plaintes de l’orgue s’unirent à ces voix :

Pia mater, fons amoris,
Me sentire vim dotons,
Fac ut tecum lugeam !

disaient-elles avec l’accent de la douleur et de la supplication.

— Ceux qui sèment dans les pleurs moissonnent dans l’allégresse, murmura la religieuse, mais au ciel seulement !

Le chœur suave et l’orgue sonore continuèrent.

Quando corpus morietur,
Fac ut animæ donetur
Paradisi gloria ! Amen
 !

XI.

Cette harmonie sainte et douce résonnait aux oreilles d’Amélie et d’Héloïse comme le chant mystérieux des vagues de l’éternité qui seraient venues mourir sur les rivages du temps.

XII.

Madame de Tilly arriva au couvent au moment où ses nièces désolées sortaient de la petite chapelle.

— Mes chères enfants ! Mes pauvres infortunées ! s’écria-t-elle en leur ouvrant ses bras, qu’avez-vous donc fait pour être ainsi frappées par la colère de Dieu ?…

— Bonne tante ! répondit Amélie, pardonnez-nous de vous avoir ainsi laissée !… Nous renonçons au monde !

— Pardonnez-nous, bonne tante, répéta Héloïse…