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LE CHIEN D’OR

Elle devint une religieuse exemplaire tout de même, et ce fut elle qui — dans un autre ordre de choses, c’est vrai — inventa le fameux potage du Couvent, dont raffolait la baronne de Longueil.

La gourmande baronne en envoyait chercher un bol tous les jours. C’était ce qu’elle aimait le mieux, disait-elle, après les sacrements.

VII.

Le bonhomme Michel envoyait, de moment en moment, des émissaires par les rues de la ville, pour recueillir toutes les rumeurs qui circulaient. Le calme se rétablissait ; la ville reprenait son aspect ordinaire.

Le Gardeur avait rendu son épée et demandé d’être jeté dans les fers. Il fut enfermé dans une pièce du château, mais traité avec certains égards.

Amélie et sa cousine sollicitèrent la faveur d’aller s’agenouiller dans la chapelle des Saints, devant la madone.

Cette chapelle renfermait les reliques de plusieurs saints et resplendissait d’or et de peintures. Dans une niche, au-dessus de l’autel, une statue de la Vierge, les mains baissées comme pour laisser tomber des grâces sans nombre, et devant la statue, une lampe qui brûlait depuis deux générations, la lampe de Repentigny, allumée par Madeleine en souvenir de sa pieuse vocation.

VIII.

La belle et noble Madeleine de Repentigny faisait les délices de Ville-Marie. Son fiancé, un jeune et vaillant officier, fut tué, et elle vint se réfugier avec sa douleur immense, dans le cloître de Québec. Elle pria longtemps, demandant au ciel un signe qui lui ferait connaître sa volonté. Le signe fut accordé. Elle se dépouilla de ses vêtements précieux pour se couvrir de deuil et alluma cette lampe votive en témoignage de sa reconnaissance.

Sept générations d’hommes ont passé ; la maison