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LE CHIEN D’OR

santé et des hautes qualités de l’intelligence que Dieu lui avait données. Elle vit de nombreux jours encore.

À ses pieds, le bras appuyé sur ses genoux, dans une suppliante position, se tenait une femme, assez frêle, mais fort belle, la mère Charlotte de Muy de Ste.  Hélène, une de Boucherville aussi, la petite fille du Défenseur des Trois-Rivières.

Elle n’avait pas hérité de la robuste constitution de ceux de sa race, mais elle possédait les talents littéraires de son aïeul, et elle devint l’historienne de sa communauté.

L’histoire du Couvent des Ursulines est tellement liée à l’histoire de la Colonie que l’une complète l’autre, si elle ne la remplace tout à fait.

Mère Ste. Hélène vit descendre sur sa tête une partie des bénédictions que son aïeul mourant, comme un autre patriarche Jacob, demanda au ciel de répandre sur ses enfants ; et le vieux noble dût tressaillir de bonheur, s’il connut alors combien l’amour de la patrie devait faire battre le sœur de sa petite fille.

II.

Il est difficile, en ces temps de calme où nous vivons, de comprendre les émotions que les cris de guerre causaient partout.

Nulle retraite assez profonde où les bruits redoutables et les rumeurs sinistres ne réussissaient à pénétrer.

Sous la plume de la mère Ste. Hélène, les Annales du Couvent prennent un intérêt nouveau. Aux récits des combats de l’Église et des triomphes de la Foi, se mêlent les peintures de la guerre, les faits d’armes des héros Canadiens et les épanchements d’un amour sans bornes pour la jeune patrie.

Quelle joie ! quelle exaltation ! dans le Vieux Récit, quand triomphent les armes ! Mais quelles larmes sur les défaites des troupes françaises et leurs désastres sans retour !