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CHAPITRE LVII.

LA LAMPE DE REPENTIGNY.

I.

La révérende mère Migeon de la Nativité était très âgée, mais n’avait rien perdu de l’éclat de son regard et de la vivacité de son esprit. Comme toutes ces modestes femmes qui vivent dans les cloîtres, en priant et en méditant sans cesse, elle portait la vue et gardait le sourire placide que fait naître la paix intérieure. Aux avertissements que lançaient parfois ses yeux vigilants, on devinait une longue habitude de l’autorité. Au reste, elle savait commander, avait été réélue supérieure plusieurs fois et se voyait de plus en plus entourée de respect et d’amour.

Elle habitait le monastère depuis près d’un demi siècle. Elle était aidée, dans le gouvernement de la maison, par plusieurs conseillères, et surtout par la mère Esther, son assistante.

L’une des principales religieuses qui formaient le Conseil des Sages, avait nom Grand’mère St. Pierre. Elle était fille d’un homme remarquable, le seigneur de Boucherville, qui fut anobli pour avoir vaillamment défendu les Trois-Rivières contre les Iroquois en 1653.

Grand’mère St. Pierre comptait près de quatre-vingts ans, et elle en avait passé soixante dans le monastère. Elle jouissait toujours d’une santé floris-