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LE CHIEN D’OR

large corridor garni d’images saintes, et noyé dans la pénombre. Elle arriva à une salle carrée pavée de pierre, ouvrit une porte, descendit quelques degrés et se trouva dans le jardin.

Le jardin, vaste et entouré de murs, gardait encore des fleurs dans son gazon ; des pommiers, des pruniers, des poiriers, dépouillés de leurs feuilles et de leurs fruits, élevaient ça et là leurs branches grises.

Dans les allées solitaires, des religieuses se promenaient en méditant sur la vanité des plaisirs du monde, et le bruit du siècle n’arrivait pas jusqu’à elles d’ordinaire.

Mais ce jour-là, au pied du grand frêne, il y avait des murmures inaccoutumés. La mère Supérieure, entourée de ses saintes compagnes, écoutait les rumeurs qui venaient du dehors et s’efforçait de calmer l’agitation qui voulait se produire dans l’oasis bénie.

De place en place, des petits groupes se formaient pour causer de la triste nouvelle.

De place en place aussi, une religieuse, à genoux sur le tuf de l’allée, ou devant la statue de St. Joseph, priait tout bas avec une foi touchante.

X.

Plusieurs se détournèrent curieusement à l’arrivée de mère Esther et des jeunes postulantes. Mais nulle n’osa parler.

La mère Supérieure fit signe à celles qui l’entouraient de se retirer un peu.

Deux seulement demeurèrent près d’elle, l’une à sa droite, l’autre à sa gauche, pour lui tenir compagnie.

Alors mère Esther s’approcha et lui présenta mademoiselle Amélie de Repentigny et mademoiselle Héloïse de Lotbinière.