Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/262

Cette page a été validée par deux contributeurs.
262
LE CHIEN D’OR

— Vous aurez une dot, Héloïse, repartit vivement Amélie, et une des plus magnifiques !

— Merci, répliqua Héloïse, si l’on ne veut pas me recevoir pour l’amour de moi, je ferai comme ma tante, l’admirable quêteuse, qui alla de porte en porte, dans la ville, solliciter une aumône pour payer son admission.

— Ne craignez rien, Héloïse, assura mère Esther, vous êtes attendue et vous serez reçue avec plaisir, même sans dot aucune.

— Vous êtes bien bonne, mère Esther… Mais comment saviez-vous que je devais venir ici ?

— Hélas ! chère enfant ! les bruits du monde n’ont que trop d’échos dans notre retraite !… Nous savions que vous aviez perdu une douce espérance et que vous tourneriez vos regards et votre cœur vers l’Unique Consolateur des affligés.

Mais venez, ajouta-t-elle, je vais vous conduire à la mère Supérieure, qui doit être dans le jardin avec grand’mère St. Pierre et mère Sainte Hélène, votre ancienne amie et maîtresse de classe.

IX.

Le bonhomme Michel courait la ville pour le compte de quelque jeune pensionnaire, au moment de la bagarre. Il s’était hâté de revenir au couvent pour raconter tout ce qu’il avait vu et entendu.

La nouvelle avait fait le tour de la communauté en un clin d’œil et causé une surprise et un trouble extraordinaires. Les classes furent interrompues et cent têtes curieuses se montrèrent dans les fenêtres ouvertes.

Mère Migeon de la Nativité, était assise sous un frêne gigantesque, bien cher à la communauté à cause des souvenirs lointains qu’il rappelait. La mère Marie de l’Incarnation, la sainte Thérèse du Canada, venait, dans les premiers jours de la Colonie, s’asseoir sous ses larges rameaux, pour enseigner la prière et la religion aux enfants des colons et des sauvages.

Mère Esther passa avec Héloïse et Amélie dans un