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LE CHIEN D’OR

pelle des saints, et la porte du monastère s’ouvre avec joie pour recevoir les membres de votre famille.

— Merci, bonne mère ! Mais nous emportons un lourd fardeau de tristesse et de peines ! reprit Amélie d’une voix pleine de larmes.

— Je le sais, Amélie, je le sais ! Mais Notre-Seigneur a dit : « Venez à moi, vous tous qui souffrez et succombez sous le fardeau, et je vous soulagerai et vous donnerai le repos. »

— Je ne cherche pas le repos, bonne mère ; je veux prier pour que le sang que mon frère a versé aujourd’hui, ne crie pas sans cesse contre lui… Ô mère Esther ! vous connaissez Le Gardeur ? Vous savez comme il était doux et généreux ?… Vous avez appris son crime ?…

— Je sais tout, ma bonne enfant… Les mauvaises nouvelles se répandent vite… Je ne comprends pas qu’un si parfait gentilhomme en arrive à commettre un pareil forfait… Mais nous prierons ensemble pour lui : nous prierons !…

— Il ne savait pas ce qu’il faisait, reprit vivement Amélie… Il n’aurait pas voulu tuer le bourgeois !… il n’aurait pas voulu me tuer !… Je ferai pénitence pour lui !… Je ferai pénitence sous la cendre et le cilice pour obtenir que Dieu lui fasse miséricorde !…

VIII.

Mère Esther resta un moment comme plongée dans une amère réflexion, puis s’adressant à Héloïse :

— Il y a longtemps, dit-elle, que je vous attends… Vous avez lutté contre l’ange du Seigneur, petite mondaine, mais l’ange vous a vaincue.

Et elle sourit avec douceur.

— Il m’a vaincue, répéta Héloïse souriante aussi à travers ses larmes, et je veux être une esclave fidèle de ses saints tabernacles…

Mais vous savez que mère Supérieure nous appelle, nous les filles de la maison de Lotbinière, des fiancées sans dot…