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LE CHIEN D’OR

Joseph, les bras tendus, semblait les accueillir avec bonté, et leur sourire. La lumière du ciel pénétrait dans le vestibule dénudé et lui donnait un aspect radieux. Un rayon qui traversait le guichet garni de barreaux, tombait de l’autre côté en formant une croix lumineuse sur le plancher nu.

Les deux jeunes filles s’arrêtèrent un instant sur le seuil de pierre. Amélie attira Héloïse sur son cœur.

— Il en est temps encore, dit-elle, n’entre pas pour l’amour de moi.

— Frappe à la porte, frappe, Amélie… Que ferais-je dans le monde… sans toi… sans lui ?… je suivrais bien Le Gardeur jusqu’aux extrémités de la terre ; mais je ne le peux plus, je ne le dois plus !… Entrons ! entrons !… Au reste, c’est ici que je voulais venir mourir. La lampe de Repentigny brille pour éclairer nos pas. Entrons !

— Le soleil est beau, Héloïse, le soleil est beau ! fit Amélie en se retournant comme pour dire un dernier adieu à la suave lumière qui tombait du ciel.

Héloïse regarda le guichet où passait un éclatant rayon que les barreaux divisaient en forme de croix.

— Vois cette croix de feu que nous avons tant de fois admirée, en venant à la classe, elle sera désormais tout mon soleil ! dit-elle.

— Cette croix et la lampe de Repentigny ! ajouta Amélie, en embrassant sa cousine.

IV.

Elle frappa à la porte. Sa main tremblante souleva à peine le lourd marteau. Elle frappa de nouveau et des pas se firent entendre dans les corridors solitaires.

Une religieuse voilée s’approcha du guichet :

— Que désirez-vous, mesdames ? demanda-t-elle.

Amélie répondit :

— Bonne mère des Séraphins, nous désirons… Nous désirons laisser le monde et entrer dans la