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le chien d’or

tombaient dans le petit oratoire, et l’on eut dit l’échelle céleste de Jacob avec les anges qui montaient et descendaient.

Amélie aperçut ces filandres d’or qui semblaient sortir de la croix comme un rayonnement et son cœur s’éleva vers Dieu. Hortense vit au même instant le jeu divin de la lumière, et posant sa main sur l’épaule de son amie, elle aussi fut comme absorbée dans un ravissement céleste.

Alors le galop d’un cheval rapide retentit sur le pavé et une clameur monta de la rue.

Hortense et Amélie se regardèrent inquiètes et les autres jeunes filles se précipitèrent au balcon.

— Le cavalier disparaissait à l’angle du cap.

Mais le cri devenait plus formidable, comme si de nouvelles voix se fussent mêlées aux premières.

Des gens à cheval, d’autres à pied, se précipitaient vers le château St. Louis. Quelques-uns montaient la place d’armes et se dirigeaient, en faisant des menaces, vers la maison de madame de Tilly.

VII.

Le jeune La Force galopait à toute bride. À la vue des demoiselles qui étaient au balcon, il s’arrêta court.

— Mon Dieu ! monsieur La Force, qu’y a-t-il donc ? demanda l’une d’elles.

— Qu’y a-t-il ? fit une autre.

La Force se découvrit. Il avait l’air triste, désespéré.

— Madame de Tilly est-elle chez elle ? demanda-t-il.

— Elle est sortie, monsieur La Force… mais qu’avez-vous donc ? que se passe-t-il ? interrogea vivement Hortense qui venait d’accourir.

— Mademoiselle Amélie est-elle ici ? reprit La Force d’une voix qui trahissait son émotion.

— Oui, elle y est… répondit Hortense. Ô ciel ! continua-t-elle, toute tremblante, lui apportez-vous quelque mauvaise nouvelle ?…