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le chien d’or

XXI.

La lugubre procession entra. Ceux qui portaient le cadavre vinrent le déposer dans le salon rempli de soleil.

Le ciel semblait sourire à cette mort d’un homme vertueux.

Les habitants qui l’avaient apporté le regardèrent un moment avec des larmes dans les yeux, puis se retirèrent en silence.

Ils étaient tristes comme devant les dépouilles d’un père bien-aimé.

Ainsi finit le bon bourgeois. Il aurait pu gouverner un empire, tant il avait d’énergie et d’habileté, et il eut une immense influence dans la colonie.

Il n’était plus qu’un peu de poussière maintenant, qui allait se confondre avec la poussière du champ des morts !

Le Chien d’or était muet ! Le Chien d’or n’était plus qu’un souvenir ! Mais il allait rester buriné dans la pierre, pour rappeler aux générations futures le lamentable événement que nous venons de raconter.

XXII.

Dame Rochelle s’était précipitée dans la chambre où son maître venait d’être déposé.

— Ah ! vos implacables ennemis vous ont donc tué enfin ! s’écria-t-elle… Je le savais ! Vous étiez trop juste ! trop bon ! Votre vertu leur reprochait trop hautement leurs vices !…

Pierre ! oh ! Pierre ! où est-il en ce moment de désolation ? Comment le revoir ? Comment lui dire cette chose horrible ?…

Les amis du bourgeois arrivaient tour à tour et le tumulte augmentait dans la rue. Le gouverneur et de la Corne St. Luc accoururent des premiers. Ils avaient hâte de connaître les détails du meurtre.

Claude de Beauharnois et Rigaud de Vaudreuil les suivirent de près. Quand ils passèrent sur la rue Buade, ils entendirent des cris de malédiction