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le chien d’or

XIX.

Pendant ce temps-là, des hommes prenaient sur leurs épaules le cadavre du bourgeois et le portaient au Chien d’Or.

Eux aussi étaient suivis d’une multitude nombreuse. Et du milieu de cette multitude qui marchait à pas lents, derrière le mort, s’élevaient des plaintes et des gémissements.

Les premiers, dans cette procession funèbre, s’avançaient, la tête basse et en murmurant des paroles sacrées, les deux frères récollets Daniel et Ambroise, les amis fidèles du défunt.

Ils disaient ces paroles de l’hymne de St. François d’Assise, le fondateur de leur ordre :

Loué soit le Seigneur dans la mort et la vie !
Notre soif de vieillir n’est jamais assouvie,
Et chacun à son tour dans la tombe est couché !
Malheur à l’insensé qui meurt dans son péché !
Mais heureux celui-là qui te remet son âme
Pure comme à l’instant où ton Verbe de flamme,
Dieu puissant ! la créa pour l’immortalité.
La mort est son triomphe et sa félicité.

XX.

Dame Rochelle entendit du bruit et regarda à sa fenêtre. Elle vit la masse du peuple qui s’agitait comme des vagues sur un rocher, et des gens qui débouchaient de diverses rues en courant tous vers la place.

Les employés du bourgeois sortirent aussi et rejoignirent les autres.

Elle devina qu’il était arrivé quelque malheur à son maître et elle se mit en prière.

Le bruit augmentait toujours. Elle se pencha à la fenêtre et demanda ce qu’il y avait.

— Le bourgeois est mort ! fut-il répondu. C’est la Grande Compagnie qui l’a tué ! On l’apporte ici.

Elle tomba à genoux en poussant un cri d’angoisse.