Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/238

Cette page a été validée par deux contributeurs.
238
le chien d’or

— Non ! pas celui-là ! hurlait-il ; l’autre ! celui qui est démonté !… celui qui est ivre !… Qui est-il ? Où est-il ?

Et tout en criant, il s’ouvrit un chemin jusqu’au malheureux Le Gardeur.

— C’est lui ! clama-t-il, je le tiens !

— Par Dieu ! il a bien l’air d’un meurtrier, en effet ! tonnèrent une douzaine de voix.

XVI.

Le Gardeur se tenait toujours agenouillé près de sa victime avec le bon frère récollet. Plusieurs hommes se jetèrent sur lui.

Il tendit ses bras.

— Faites-moi prisonnier ! gémit-il, tuez-moi si vous le voulez ; c’est moi, le coupable !… J’ai assassiné le bourgeois !

Aussitôt une dizaines d’épées flamboyèrent.

— Ne le tuez pas ! retentit une voix stridente, c’est Le Gardeur de Repentigny ! Aidez-nous à le sauver, vous Hébert ! vous Martin ! vous Dupuis !

Tout le monde regarda d’où venait cette clameur, et quelle était cette femme qui connaissait ainsi les gens par leurs noms.

On aperçut Angélique Des Meloises.

Le Gardeur se releva et fut reconnu. Nul ne voulait croire à son crime, car il passait pour le meilleur ami des Philibert.

XVII.

De Péan voulut profiter de ce moment de répit pour s’esquiver, et il saisit le cheval d’Angélique par la bride.

— Venez ! dit-il à la jeune fille, sauvons-nous avant que la rage de cette foule ne se tourne contre vous ou contre moi.

— Je ne bougerai pas d’ici, de Péan ! sauvez-vous, poltron que vous êtes !… Comment ! Le Gardeur est menacé et je l’abandonnerais ?… Ils me tueront la première !