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le chien d’or

XIV.

Une immense clameur retentit aussitôt sur la place du marché.

Le bourgeois vient d’être tué ! La grande compagnie ! c’est la grande compagnie qui l’a assassiné !

Des hommes accouraient de toutes parts en vociférant et en gesticulant.

La nouvelle se répandit comme une fusée dans la ville, et un cri de vengeance monta du milieu de la foule.

Le premier qui courut au secours du bourgeois fut le frère Daniel, un récollet. Il s’agenouilla près de lui et sa robe grise se teignit de larges taches de sang.

Hélas ! le mourant ne pouvait plus prier ni entendre les prières des autres !

Cependant, quand le frère gris lui fit le signe de la croix sur le front, il ouvrit les yeux et le regarda fixement une minute ; puis ses lèvres pâles frémirent et il murmura deux noms : Pierre ! Amélie ! Ce fut tout.

Il était mort !

— Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur ! prononça le récollet, car ils se reposent de leurs peines !

XV.

De Péan avait remarqué la surexcitation de la foule, et il se tenait prêt à fuir. Mais il voulait emmener Angélique, et Angélique s’obstinait à attendre Le Gardeur.

Or, Le Gardeur s’était jeté à genoux auprès du cadavre du bourgeois et essayait de le relever.

Il pleurait et poussait des gémissements amers.

Un habitant qui le voyait faire, se mit à crier :

— Voici l’assassin, le voici !… C’est cet homme ! c’est cette femme-là aussi !… tous les deux !… C’est elle qui lui a dit de tirer l’épée !…

Il montrait Le Gardeur et Angélique.

La foule crut qu’il désignait de Péan.