Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/236

Cette page a été validée par deux contributeurs.
236
le chien d’or

— Le bourgeois Philibert !! J’ai tué le bourgeois Philibert !!… De Péan en a menti, Angélique ! dit-il, en se tournant vers la jeune fille ; je ne voudrais pas tuer un moineau qui appartiendrait au bourgeois. Oh ! dites-moi que de Péan me trompe !…

— De Péan dit vrai, confirma Angélique, épouvantée du regard terrible de Le Gardeur…

Mais c’est le bourgeois qui vous a frappé d’abord. Je l’ai vu ! Il vous a frappé avec sa canne. Vous êtes un gentilhomme, et un gentilhomme tuerait le roi lui-même, si le roi osait le frapper de son bâton comme on fait d’un chien !… Regardez ; on le relève, c’est bien lui.

XIII.

Le Gardeur, tournant ses yeux égarés vers sa victime, reconnut en effet le bourgeois qu’il estimait si profondément.

Il jeta son épée à terre.

— Malheureux que je suis ! s’écria-t-il, je suis un parricide ! un parricide ! J’ai tué le père de mon frère !… Ô ! Angélique Des Meloises ! c’est vous qui m’avez fait tirer l’épée ! Et je ne savais pas contre qui ! Je ne savais pas pourquoi !

— Je viens de vous le dire, Le Gardeur ! et vous m’en voulez ? Mais, voyez le tumulte ! sauvons-nous, ou nous allons nous faire tuer comme le bourgeois ! Vite ! vite ! Le Gardeur ! Au palais ! au palais !

— Â l’enfer ! plutôt ! vociféra Le Gardeur ; le palais ne me reverra jamais ! Sauvez-vous, Angélique ! peu m’importe la mort à moi !… De Péan, emmenez-la ! ou bien il y aura encore du sang de versé !… C’est votre ouvrage, de Péan ! rugit-il, en jetant au traite chevalier un regard de menace.

— Voudriez-vous donc vous venger sur elle ou sur moi, Le Gardeur ? questionna de Péan, pâle de crainte.

— Sur elle ? êtes-vous fou ? Sur vous, par exemple ! si vous ne l’emmenez pas tout de suite loin de cette bagarre !… Je veux voir le bourgeois ! Ô Dieu ! est-il mort ?