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le chien d’or

toute la nuit, et, dans son désespoir, il avait bu et accusé le sort d’injustice. Il prétendait que le colonel St. Rémi l’avait friponné au piquet et lui refusait sa revanche.

— Il a quitté le palais comme un serpent ! criait-il, je veux le rejoindre et lui cingler la figure avec mon fouet, s’il ne consent à se battre comme un gentilhomme !

Le Gardeur était accompagné du sieur de Lantaguac, un fameux dissipé qui avait gagné sa confiance, et qu’il trouvait tour à tour sans égal ou souverainement méprisable, selon qu’il était ivre ou à jeun, lui Le Gardeur.

VII.

Ce jour-là, sur un mot de De Péan, le sieur de Lantagnac s’était attaché à Le Gardeur comme son ombre. Il avait bu avec lui, et avait excité sa colère contre St. Rémi, tout en ayant soin cependant de se tenir assez sobre lui-même pour parer à tout événement.

Ils se dirigèrent ensemble vers la place du marché, ayant appris que St. Rémi était à l’église. Ils voulaient l’insulter par un coup de cravache et le forcer à se battre en duel — Le Gardeur du moins. — Le misérable de Lantagnac mentait quand il se vantait d’être prêt à tout.

Ils allaient à toute vitesse, au risque d’écraser les gens qui se trouvaient sur leur chemin.

— Ce sont des gentilshommes de la Friponne ! cria-t-on, et ils furent poursuivis par des malédictions.

Juste à ce moment-là, le bourgeois Philibert se trouvait avec un de ses pauvres. Il s’informait de sa santé, de ses peines, de ses besoins, et le pauvre, appuyé sur ses béquilles, écoutait la tête inclinée et le sourire sur les lèvres, les bonnes paroles de son protecteur.

De Lantagnac reconnut le bourgeois.