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le chien d’or

Angélique aperçut alors deux jeunes gens avec ses amies :

— Oh ! je vous demande pardon ! messieurs, dit-elle, je ne vous avais pas vus !

C’étaient messieurs Le Mercier et D’Estèbe.

— Mon voile me nuit, ajouta-t-elle.

Et elle le rejeta de côté fort coquettement, puis offrit le bout de ses doigts aux gentilshommes qui y mirent un baiser.

— Bonjour ! Angélique ! exclama joyeusement mademoiselle Hébert. Quelle belle matinée ! Oh ! comme vous êtes rayonnante de fraîcheur, ma chère amie !

— N’est-ce pas ! répondit Angélique en scandant sa réponse de son rire argentin. C’est vois-tu l’air, du matin et une bonne conscience qui me ravivent.

— Vous achetez des fleurs ? demanda-t-elle aux jeunes filles. J’ai été en chercher à Sillery, moi !…

Et du bout de sa légère badine, elle caressait sa joue rose.

Elle n’eut pas le temps de continuer, car de Péan lui fit remarquer alors qu’il y avait du tumulte de l’autre côté du marché.

— Venez-vous, dit-il, nous allons voir ce que c’est ?

VI.

Mesdemoiselles Hébert et de Grand’Maison ne furent pas fâchées de la voir s’éloigner. Elles se sentaient écrasées par ses airs de souveraine, et craignaient qu’elle ne leur enlevât leurs cavaliers. L’enchanteresse n’avait qu’à dire un mot et tous la suivaient.

Guidée par de Péan, elle arriva bientôt à l’endroit où l’on se querellait. On voyait les gestes de menace, on entendait les cris de fureur qui précèdent d’ordinaire les coups d’épée et les combats en règle.

À sa grande surprise, elle reconnut Le Gardeur de Repentigny, ivre et furieux, qui s’efforçait, en jurant, de pousser son cheval dans la foule.

Il venait de laisser la table de jeu. Il avait perdu