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le chien d’or

du, moi ! Vous n’avez pas vu ce que j’ai vu !… Je vous en supplie, restez ici aujourd’hui !

Et elle joignit les mains en le suppliant ainsi.

— S’il y a danger quelque part je serai là, car je suis gentilhomme, affirma le bourgeois fièrement.

— Ah ! si Pierre était ici pour vous accompagner ! Emmenez quelques serviteurs avec vous dans tous les cas !

— Quand j’ai un devoir à remplir, dame Rochelle, je ne me laisse par arrêter par la peur. J’ai des ennemis, c’est vrai ; mais il faudrait être bien hardi pour attaquer le bourgeois Philibert, en plein jour, sur une place publique.

— Il s’en trouve, maître, de ces gens hardis ! il s’en trouve !

— N’importe !… Ne serais-je pas digne de mépris, si la crainte de l’Intendant ou de ses amis me détournait de mes devoirs ?

— Je sais que je supplie en vain ; pardonnez-moi mon anxiété, maître, que Dieu vous accompagne ! que Dieu vous protège !

Les yeux de la bonne dame Rochelle se remplirent de larmes.

IV.

Eh bien ! fit le bourgeois, pour vous montrer combien je fais cas de vos alarmes, et suis sensible à votre amitié, je vais prendre mon épée. L’épée, c’est après une conscience pure, la meilleure amie d’un gentilhomme, au moment du péril.

Apportez-moi mon épée.

— Oh ! très volontiers, maître ! Comme le glaive du Chérubin, qu’elle vous garde et vous défende aujourd’hui !

Elle alla aussitôt chercher la rapière suspendue comme un ornement dans la salle. Le bourgeois ne la portait que dans les grandes cérémonies.

Il mit en écharpe le riche baudrier, et la pointe du fourreau d’argent traîna sur le parquet avec un léger cliquetis.