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CHAPITRE LIII.

LA PLACE DU MARCHÉ LE JOUR DE LA SAINT MARTIN.

I.

Le matin du jour de la St. Martin, un épais brouillard s’étendait sur la ville. Toutefois, les rayons du soleil le traversèrent peu à peu comme des flèches d’or, et il s’évanouit tout à fait, à l’heure où les cloches de la cathédrale sonnèrent à toute volée pour appeler les fidèles à l’office pieux qui allait commencer.

La brise attiédie balayait la place du marché et poussait dans les coins et le long des trottoirs, avec le frissonnement de la soie, les feuilles mortes des grands arbres.

Les premières gelées avaient touché le feuillage et le feuillage s’était empourpré comme sous un baiser d’amour. Seuls les pins résineux gardaient leur verdure sombre.

II.

La place du marché occupait le carré qui se trouve entre la cathédrale de Notre-Dame et le collège des jésuites.

Ce dernier, un immense quadrilatère, formé de murs épais et de voûtes solides, laissait apercevoir, par la porte cochère qui donnait sur la place, et que surmontait un écusson sacré, quelques avenues bordées de grands chênes où les religieux se promenaient seuls en silence, ou deux à deux, en songeant