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le chien d’or

VIII.

— Oh ! fit Amélie, ramenant la conversation sur un autre sujet, voyez donc la maison de Ste Foye, comme elle paraît vaste sur le bord de la côte, au milieu des arbres sans feuilles.

— Il faut qu’elle soit grande pour recevoir tous ceux que nous aimons.

— Il faudra plusieurs chambres pour votre père, et les meilleures ; et plusieurs aussi pour cette bonne Dame Rochelle… J’arrangerai bien cela…

— Et moi ?

— Vous ? il faudra vous contenter de ce qui sera bon pour moi ; fit-elle en riant.

Je sais tenir une maison, continua-t-elle, vous verrez. J’ai pris mes degrés dans la cuisine des Ursulines, et j’ai eu un accessit de bonne ménagère.

— Alors, fit Pierre, vous vous marierez comme les filles de l’Acadie : avec un dé d’argent au doigt et une paire de ciseaux à la ceinture ; ce sont les emblèmes du travail et de l’économie domestique.

IX.

Le soleil baissait. L’occident resplendissait comme un océan de pourpre et des rayons étincelants se brisaient en paillettes d’or et de feu dans l’onde, aux pieds des deux fiancés.

Un calme enivrant enveloppait les prés. Bientôt les ombres du soir sortirent des montagnes voisines.

Pierre et Amélie se levèrent de leur siège rustique. Débordants d’ivresse, pleins d’espoir et de reconnaissance, ils reprirent à pas lents le chemin de la ville.