Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/216

Cette page a été validée par deux contributeurs.
216
le chien d’or

qu’il pouvait courir un certain danger. Il faudrait veiller sur lui.

X.

Le soir de ce jour-là, les associés, réunis au palais, se livraient à des regrets amers, à cause de la paix qui venait d’être annoncée, lançaient des invectives contre le traité fatal à leurs intérêts, et buvaient à la guerre prochaine.

Bigot les laissa faire quelque temps, puis, quand il eut assez joui de leur désespoir, il leur dit en souriant :

— Vous oubliez que le danger et la perte sont deux choses. Philibert va avoir le sort d’Actéon ; il sera mis en pièces par son chien.

La nouvelle fut accueillie avec des applaudissements. Cadet se pencha vers De Péan :

— Le piège est-il tendu ? demanda-t-il.

— Oui, répliqua De Péan, bien tendu. J’espère que le gibier ne nous échappera point.

— Au grand jour, en plein soleil… la foule… cris… bagarre… murmura Cadet

— Tout est prévu, soyez tranquille !

— Vous êtes rusé comme un démon, De Péan, mais prenez garde de vous prendre vous-même, cependant

— Ne craignez pas, Cadet !… Demain soir il y aura réjouissance au palais et deuil au Chien d’Or.

XI.

Le Gardeur était trop ivre pour saisir l’allusion de Bigot. Cette mort d’Actéon, dévoré par ses chiens, éveilla son attention toutefois, et il comprit qu’il se machinait quelque chose contre Philibert. Il se leva en jurant que personne, ni l’Intendant, ni les autres, ne toucherait un cheveu de la tête du bourgeois.

Bah ! repartit De Péan, il s’agit bien du bourgeois !… C’est de son chien qu’il est question. Le bourgeois, son fils et la vieille sorcière huguenote qui les dorlote, se pendront les uns les autres, quand