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le chien d’or

Il sortit.

Pendant qu’il montait à cheval Angélique pensait :

— Il me soupçonne, c’est sûr, il me soupçonne ! Mais je le tiens ferme. Ah ! c’est heureux qu’il ne puisse avouer la présence de mademoiselle de St. Castin à Beaumanoir !… Comme il se montrerait tout autre !… Je donnerais tous mes joyaux pour savoir ce qu’il a fait de la jolie morte que la Corriveau lui a façonnée… La Corriveau ! la vieille misérable qui a gâté mon affaire avec son coup de poignard !… Je serais si facilement devenue sa femme !… Il ne m’aurait pas soupçonnée… Il fallait que le démon vint traverser ainsi mes espérances !…

IX.

De Péan entra à son tour ; Angélique s’avança toute souriante au devant de lui. Un coup de baguette et la méduse s’était transformée en une fée adorable.

Pourtant, elle le détestait, ce vaniteux coquin qui se perdait dans la foule de ses admirateurs, et elle aurait préféré le voir mourir à cause d’elle, que de le voir vivre pour lui présenter d’éternels hommages.

Un jour qu’il se battait pour elle avec le capitaine de Tours, elle dit en riant qu’il valait tout juste un moineau, et qu’il ne fallait pas gaspiller, pour le tuer, plus de poudre qu’il n’était nécessaire.

Cependant, elle n’était pas fâchée de le voir arriver, car elle avait peur d’elle même quand elle se trouvait seule ; ses pensées l’épouvantaient et elle avait besoin de distractions.

De Péan s’attarda longtemps. Il lui exposa son projet contre Philibert, lui parla d’un rassemblement, d’une bagarre, et d’un accident ! Il lui dit que Le Gardeur se trouverait là aussi, comme par hasard, et qu’il faudrait le soutenir.

Elle acquiesça avec plaisir, et promit de se rendre sur la place du marché. Elle voyait bien que Le Gardeur était un instrument dans ce complot, et