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le chien d’or

subite et en frappant du pied. Bigot se crut menacé et il pensa n’avoir rien de mieux à faire qu’à changer de manière.

— Pardonnez-moi, ma chère Angélique ! dit-il avec une douceur extrême, je n’ai jamais forfait à l’honneur et je sais tenir mes engagements. La dame que vous redoutez n’est plus à Beaumanoir. Venez parcourir les galeries du château et je vous jure que vous n’y entendrez que le bruissement d’aile des esprits qui nous visitent.

Angélique crut voir une allusion dans ce bruissement d’ailes des esprits.

— Comment pouvez-vous m’affirmer cela ? demanda-t-elle.

— Parce que de la Corne et Pierre Philibert sont venus faire des recherches à Beaumanoir. Ils ne se sont pas gênés pour entrer partout, mais, en revanche, ils ont cru devoir me faire des excuses quand ils se sont retirés.

— Bah ! riposta Angélique, si l’on avait chargé des femmes de cette perquisition, elles l’auraient bien trouvée la jolie captive !

— Je vous jure que je ne puis dire où elle est !

— Fort bien ! fit Angélique, en lui tendant la main.

Ils comprenaient l’un et l’autre qu’ils étaient liés par un pacte tacite, secret, et qu’ils ne devaient pas rompre la chaîne inique qui les unissait.

VIII.

Bigot se leva de nouveau pour sortir.

— Vous n’avez pas l’air heureux, aujourd’hui, Bigot, reprit Angélique, et l’on dirait que ma présence vous ennuie.

— En effet, je suis de mauvaise humeur. La disparition mystérieuse de cette jeune fille, et la provocation du bourgeois, qui nolise, pour son commerce, tous les vaisseaux en disponibilité, en voilà assez, je pense, pour chasser la gaieté. Mais ces peines me ramènent vers vous, Angélique, car vous êtes ma consolation…