son amoureux, et elle recula vivement. Elle avait peur d’entendre l’épouvantable accusation.
— Merci ! fit Bigot, nouer et dénouer sont pour moi des choses souvent difficiles, presque pénibles…
Angélique fit semblant de ne pas saisir le sens de cette parole.
— Je le crois bien, dit-elle, en faisant un effort pour paraître calme, et cependant c’est à peine si vous me dites un petit merci.
Avez-vous découvert le lieu où s’est cachée la fugitive ? demanda-t-elle bravement pour vaincre la peur.
Bigot allait sortir. Angélique hasarda une autre question. C’était comme le post-criptum de l’entrevue :
— Je ne crois pas qu’elle ait laissé Beaumanoir, ajouta-t-elle, ou, si elle l’a fait, vous savez où elle s’est réfugiée ! Voulez-vous jurer sur mon livre d’heures que vous ne savez pas où elle est ?
VII.
Bigot la regarda fixement une minute, cherchant à découvrir sa pensée. Elle se passa la main sur les yeux, comme si elle eut senti une trahison au fond de leur prunelle étincelante.
— Je veux bien jurer tout ce que vous voudrez, répliqua-t-il, je prendrai Dieu ou le diable à témoin ; c’est tout un pour moi. Lequel choisissez-vous ?
— L’un et l’autre ! riposta hardiment Angélique.
Ah ! vous ne savez pas, continua-t-elle, le mal que vous m’avez fait, en me forçant à repousser la main de Le Gardeur ! Comment avez-vous tenu votre promesse ?
— Ma promesse ?… Par Dieu ! j’ai pourtant continué d’être franc avec les dames et de tenir ce que je promets.
— Si vous avez oublié, je me souviens, moi ! et je pense que François Bigot ne pourrait faire pis que tromper Angélique Des Meloises !
Elle dit cette dernière parole avec une animation