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le chien d’or

prendre leur essor dans les espaces radieux… Ah ! pourquoi !…

IV.

De Péan galopait, sans faire attention aux regards de mépris que lui lançaient les honnêtes gens.

Quand il arriva chez le chevalier Des Meloises, il vit à la porte un valet qui tenait un cheval par la bride. Il reconnut le cheval de l’Intendant.

Il entendit un rire argentin et leva les yeux vers la fenêtre d’où ce rire s’envolait. Bigot et Angélique étaient à demi-cachés dans les soyeux rideaux.

— Ne les dérangeons pas, pensa-t-il… nous aurons notre tour.

Il continua à galoper du côté de la grande allée.

Il savait qu’Angélique n’aimait pas l’Intendant et que l’Intendant ne l’épouserait jamais, cette belle coquette.

La Pompadour lui réservait une femme de son choix.

Il n’était pas aimé, lui non plus… mais il comptait sur les circonstances heureuses, sur le hasard intelligent, surtout, sur son étoile qu’il appelait une bonne étoile.

Quand il revint, le cheval de l’Intendant piaffait encore à la porte de la maison, le valet le tenait toujours par la bride, et l’Intendant n’avait pas bougé de la fenêtre où s’encadrait aussi la rieuse figure d’Angélique.

Mademoiselle Des Meloises l’aperçut et se prit à rire.

— Voyez donc de Péan, dit-elle, il caresse sa bête en attendant l’heure de l’amour.

De Péan s’amusait à peigner, avec ses mains, la crinière de sa monture, en soupirant après le moment où Bigot sortirait.

Il était aussi humble et poltron avec ses maîtres qu’arrogant envers ses inférieurs. Angélique qui aimait les hommes hardis, décidés, entreprenants, se moquait de sa pusillanimité.